

"Mesures concrètes" du gouvernement attendues face à l'afflux de colis chinois
Le gouvernement français dévoile mardi des "mesures concrètes" pour répondre aux flux de colis en provenance de Chine, notamment des plateformes Shein ou Temu, dans le contexte du conflit commercial lancé par Donald Trump.
Quatre ministres de Bercy, Eric Lombard (économie et finances), Amélie de Montchalin (comptes publics), Véronique Louwagie (commerce et artisanat notamment) et Clara Chappaz (intelligence artificielle et numérique), doivent faire le déplacement à l'aéroport de Roissy, pour parler "régulation" et "sécurité des plateformes de e-commerce".
Le ministère de l'Economie a expliqué lors d'un point presse vendredi s'attendre à ce que le conflit commercial "recompose les flux commerciaux" et entraine un "risque de déport des flux chinois vers des territoires européens, notamment la France".
Si à date, "ce n'est pas forcément un report tel quel" qui est observé, "il y a des velléités des plateformes d'avoir une communication peut-être plus agressive et plus présente vis-à-vis des consommateurs européens", selon Bercy.
Report ou pas, les flux en provenance de Chine sont en pleine expansion, alors que Donald Trump a signé début avril un décret faisant passer de 30 à 90% les droits de douane américains sur les petits colis envoyés de Chine.
- "Principal point d'entrée" -
"C'est certain, il va y avoir une invasion (en provenance) de la zone indo-pacifique", a estimé lundi sur France Inter Michel-Edouard Leclerc, président du comité stratégique des centres de grande distribution E.Leclerc.
"On parle de la Chine mais imaginez le Vietnam, la Corée, le Bangladesh, même la Turquie, tous ces pays, face à l'incertitude d'un débouché américain, vont essayer de trouver d'autres débouchés, et l'Europe est le premier débouché en termes de puissance d'achat", a-t-il commenté.
Roissy est le "principal point d'entrée du fret aérien à l'échelle nationale", rappelle Bercy. Les membres du gouvernement doivent notamment rencontrer les services de la direction générale des douanes et des droits indirects (DGDDI), qui contrôlent les colis issus des plateformes de e-commerce.
Ce n'est pas une mince affaire: à l'échelle européenne, environ 4,6 milliards d'envois d'une valeur inférieure à 150 euros sont entrés sur le marché européen en 2024, soit plus de 145 chaque seconde. Sur ce total, 91% provenaient de Chine.
En France, 800 millions de colis d'une valeur inférieure à 150 euros ont été livrés l'an dernier sur un total de 1,5 milliard de colis, a rappelé Bercy. La focale est mise sur ces envois dits de faible valeur parce qu'ils bénéficient en Europe d'une exonération de taxe douanière quand ils sont envoyés depuis un pays tiers.
- "Fluidité douanière" -
Une exonération qui date de 2010 et décidée au nom de la "fluidité douanière", rappelait début avril pour l'AFP Isabelle Feng, juriste et chercheuse à l'Université libre de Bruxelles et Asia centre.
Mais la Commission européenne a appelé en février à supprimer cette franchise, pointant notamment des risques d'importation "de produits dangereux" et une empreinte environnementale non négligeable sur de tels volumes.
Shein, basée à Singapour, fait l'objet d'une enquête de la Commission européenne, étant soupçonnée de ne pas suffisamment lutter contre la vente de produits qui ne respectent pas les normes européenne. L'institution enquête depuis octobre sur le site d'origine chinois Temu pour des motifs similaires.
Entre temps, Shein, qui vend surtout des vêtements et Temu, qui commercialise aussi jouets, décoration, outils ou high-tech, sont devenus des acteurs majeurs de la consommation européenne.
"A eux trois, Shein, Temu et Amazon représentent un quart des ventes de mode en ligne en France", a observé le ministère de l'Economie vendredi.
Fin février, le cabinet Circana avait aussi indiqué à l'AFP que c'était sur Shein et Temu que les Français avaient le plus augmenté leurs dépenses en 2024, illustrant "la forte tension sur le pouvoir d'achat et la quête de bas prix des Français pour continuer à consommer", observait alors sur LinkedIn Emily Mayer, directrice des études chez Circana.
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G.Fuchs--FFMTZ